Cet article est une réaction à un tweet de @davidwalshblog (relayé par @geekarlier) :

Who loses the browser wars? Developers.

« Qui perd la guerre des navigateurs ? Les développeurs. » J’ai trouvé la réflexion intéressante et sujette à discussion.

Qu’est-ce que la guerre des navigateurs ?

Petit rappel des faits. Il y a environ dix ans, après une âpre concurrence avec le navigateur Netscape, Internet Explorer est devenu LE navigateur incontournable, en suprématie totale sur le marché grâce à l’immense force de frappe de Microsoft et surtout à la forte imbrication du navigateur avec son système d’exploitation Windows.

EN 2001, Microsoft sort la version 6 d’Internet Explorer et décide d’arrêter là, stoppant net l’innovation du secteur après le K.O. de son principal concurrent. Mais en 2004 sort Firefox 1.0, un navigateur innovant (il est le premier à utiliser les onglets) créé par la fondation Mozilla à partir du code source complètement revu et corrigé de l’ancien Netscape. Face au succès de ce petit nouveau, Microsoft décide de remettre au travail son équipe de développement et sort IE7 fin 2006, provoquant par la même occasion une nouvelle course à l’innovation dans le secteur des navigateurs web.

En 2008, c’est au tour de Google. Le géant des moteurs de recherche sort Google Chrome, un navigateur simple et épuré basé sur le code source de Safari (( comme le fait fort justement remarquer Florent, il utilise en réalité le moteur de rendu de Safari, à savoir Webkit )), le navigateur d’Apple (alors disponible uniquement sur Mac disponible pour Windows quelques mois avant Chrome). Son succès est jusqu’ici assez mitigé mais ses parts de marché pourraient augmenter considérablement, Google ayant dernièrement mis en place une campagne de publicité impressionnante (affiches dans la rue et le métro, pleines pages dans des journaux papier, encarts sur des sites web à forts trafics, etc).

La guerre des navigateurs, c’est donc cela : une course aux parts de marché, basée sur une innovation et une promotion permanente de la part des différents protagonistes.

Qui y gagne ?

Les utilisateurs, assurément. Ils sont la cible à convaincre, les concurrents mettent donc tout en place pour améliorer leur ergonomie et proposer des outils toujours plus performants.

Qui y perd ?

D’après @davidwalshblog, les développeurs. Bien. J’imagine qu’il inclut dans ce terme les intégrateurs, bien que ce soit deux métiers différents. Je comprends son point de vue, mais je ne le partage pas complètement. Pourquoi ? Une conséquence de cette guerre d’innovations est que les navigateurs proposent des fonctionnalités différentes (ou des manières différentes de les aborder) et sortent parfois du carcan des standards pour marquer leur différence. Le problème, pour un professionnel du web, c’est que ses réalisations doivent fonctionner pareillement au moins sur les supports les plus répandus. En tant qu’intégrateur (pour l’affichage) et développeur (pour les fonctionnalités dynamiques en javascript), je n’ai pas le choix : je dois vérifier mon travail sur Firefox, Internet Explorer et Chrome. Pire, comme je l’ai déjà évoqué maintes fois dans mes articles, je dois prendre en compte les différentes versions ! Car une autre conséquence de la guerre des navigateurs est une mise à jour rapide et régulière de ces logiciels. Si tout le monde utilisait un navigateur à jour, ce ne serait pas un problème. Malheureusement, c’est loin d’être le cas.

A titre d’exemple, voici un aperçu de l’équipement des lecteurs d’apperisphere.com, le mois dernier :


Vous le voyez, ça fait beaucoup de configurations différentes à prendre en compte si l’on veut que tous puissent avoir un rendu correct.  En cela, c’est exact, les développeurs et intégrateurs perdent un temps considérable à ménager la chèvre et le chou.

Un mal nécessaire pour un progrès de civilisation

Mais pour moi, cela n’est qu’un dommage collatéral ; tout travail induit forcément une certaine pénibilité, des contraintes. Ce n’est pas pour autant que nous sommes perdants. Car, au fond, qui voudrait sérieusement revenir au web d’avant Firefox ? Quel métier terne aurions-nous ! L’innovation technologique est une des données qui fait de nos métiers des métiers de passionnés. Le web est en perpétuelle évolution. Personne ne sait précisément où il va, il n’y a personne pour diriger la barque, mais tout le monde peut participer à construire son avenir.

Depuis la voiture et le téléphone, Internet est, à mes yeux, la seule évolution technologique importante induisant un véritable progrès de notre civilisation (en plus de l’invention du Kinder Bueno). Et la guerre des navigateurs en est une composante essentielle. Alors certes, les développeurs blasés y perdent peut-être, au final, mais les passionnés comme moi y gagnent beaucoup !

6 thoughts on “Qui perd la guerre des navigateurs ?

  1. Bonjour,

    Bon article et très bonne conclusion. Si on compare l’innovation actuelle à la situation du début des années 2000 (pré-Firefox), on se rend compte que les tracas de compatibilité actuels sont, en comparaison, des problèmes de riches.

    Pas mal d’erreurs factuelles dans cet article, cependant:
    – Opera n’est jamais mentionné, c’est regrettable.
    – Firefox n’a pas innové avec les onglets, vu que la fonctionnalité a été reprise de la suite Mozilla, qui l’avait reprise chez Opera.
    – Si on veut parler des atouts décisifs de Firefox 1.0 sur IE6, plus peut-être que les onglets, il y a le bloqueur de pop-ups intégré. Pour rappel, 2004 c’était l’enfer des pop-ups qui frustraient tous les utilisateurs du Web sauf quelques uns qui avaient installé un bloqueur de pop-ups plus ou moins fonctionnel pour IE6 (donc que les power users).
    – Safari est disponible pour Windows depuis sa version 3.0 (de mémoire, je crois que seule une beta était disponible pour la 3.0, puis une version finale estampillée 3.1). Donc largement avant Chrome.
    – Chrome ne reprend pas le code source de Safari, qui n’est pas public, mais celui de Webkit. Certes Webkit est le composant de base le plus important de Safari est est un projet open-source financé en grande partie par Apple, mais ce n’est pas vraiment la même chose de de tuner une copie de Safari. 😉
    – Le graphique «Répartition des Firefox» devrait avoir un label « 3.0 » pour la partie verte.

  2. Merci Florent pour ces précisions. Je ne suis intentionnellement pas entré dans les détails, sinon j’y serai encore et j’aurai perdu du monde en route (peut-être bien moi le premier ;)) J’ai donc éludé la question des Opera, Suite Mozilla, Flock et autres Maxthon… (sans compter les navigateurs spécifiques des OS alternatifs)

    – Opera est là depuis longtemps c’est vrai, mais il n’a malheureusement jamais vraiment réussi à percer sur le marché des navigateurs de bureau. Cela dit, j’aurais pu mentionner les navigateurs mobile, qui vont de plus en plus représenter une complexité supplémentaire pour les développeurs/intégrateurs.

    – exact, j’avais oublié cette histoire de popups, pourtant tellement exaspérante à l’époque.

    – il me semblait que Safari pour Windows était sorti après, mais maintenant que tu le dis, c’est vrai, je vais corriger ça.

    – Pour Webkit, c’est encore ma manie de ne pas vouloir trop entrer dans les détails. J’aurais du ajouter une note de bas de page, parce qu’en l’état, oui, ce n’est pas exact.

  3. Pour moi la guerre des navigateurs ne va pas jusqu’à 2008 mais c’est arrêté à partir de la version d’IE6 (je ne vais pas m’embarrasser avec les détails). Cette guerre pour les parts de marché ne concernent pas directement les intégrateurs, à mon sens.

    Par contre, cette guerre a été remplacé par une autre guerre : celle des bugs et des mauvaises implémentations des recommandations, qui pénalisent directement les intégrateurs et les développeurs.

  4. C’est vrai qu’il y a une différence entre ces deux « guerres mondiales » des navigateurs. Là où les premiers se différenciaient par des fonctionnalités maison (comme XMLHTTPRequest), les protagonistes de la seconde se démarquent surtout (pour ce qui touche les développeurs et intégrateurs) par leurs choix d’implémentation des standards, plus ou moins rapides et réalisés avec plus ou moins de bonheur.

  5. Dans cette guerre des navigateurs, l’union européenne avait jugé que microsoft et son internet explorer était en situation de monopole puisqu’il était installé par défaut sur windows et ne laissait pas le choix de la première installation aux utilisateurs… c’est pourquoi l’UE a imposé en 2009 à Microsoft que ce dernier affiche un écran de choix des navigateurs (dit « ballot screen ») qui puisse permettre aux utilisateurs de faire leur choix. Il y a quelques jours Microsoft s’est fait condamné d’une lourde amende pour avoir omis d’afficher cette écran plus d’une année sur sa mise à jour windows 7.
    Si le sujet vous intéresse je vous invite à rejoindre la conversation laquelle devrait donner lieu à un plateauTV : http://techtoc.tv/event/4563/usages-du-web-social/subversive-tv/et-si-les-internautes-s-occupaient–enfin–des-ballot-screen
    à bientôt,

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